Les résultats de ce premier tour de l’élection présidentielle ne font que renforcer les incertitudes politiques mondiales qui font le jeu du cours de l’or. Pour la deuxième fois en 15 ans, un représentant de l’extrême-droite accède au second tour d’une élection présidentielle, et là, ce n’est ni par accident ni par surprise. Le spectre d’un second tour entre l’extrême- droite et la gauche radicale, qui planait depuis quelques semaines, aurait aussi pu devenir réalité. Nous ne devons pas prendre cet événement comme une fatalité sous prétexte que, cette fois-ci, nous nous y attendions.
La France n’est pas ce pays de second rang comme les Français l’imaginent parfois. C’est la raison pour laquelle les projecteurs des médias internationaux, et donc des marchés, étaient braqués sur notre pays. Le reste du monde sait que le signal donné par notre élection présidentielle est un signal fort pour la stabilité mondiale, à commencer par celle de l’Europe. L’avis d’un peuple qui a d’un côté la capacité de déclencher l’arme nucléaire contre n’importe quelle région du globe et de l’autre celle d’influer sur les choix diplomatiques des plus grands, est forcément écouté.
Même si Emmanuel Macron a de fortes chances de remporter la majorité des suffrages le 7 mai prochain, ce premier tour de l’élection alimente voire renforce pourtant ce sentiment confus des marchés. Il ne fait que nourrir ce climat de doute qui nous entoure depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump. Et l’or se nourrit de ce type d’incertitudes pour repartir à la hausse ! C’est le cas depuis 2015, et ce malgré quelques phases de baisse ponctuelle comme au lendemain du premier tour. Les marchés pensent à la fois pouvoir raser gratis depuis l’arrivée de Trump au pouvoir et l’augmentation des taux, et de l’autre ces mêmes marchés appréhendent le risque politique grandissant et couvrent les risques avec de l’or. Nous constatons donc en ce moment ce phénomène rare de hausse des marchés, des taux d’intérêt et du dollar, et à la fois une hausse du cours de l’or lui-même. Habituellement, dans un tel cycle de hausse des marchés, nous devrions avoir un or stagnant voire baisser.
Là, Marine Le Pen a porté le cours de l’or à la hausse en raison de son programme. Sans le contexte du Brexit ou de l’élection de Trump, l’effet n’aurait pas été perceptible. Mais après ces récents bouleversements politiques, l’avis de la France était attendu pour savoir si nous voulions en bout de course sortir de l’euro et appliquer une politique protectionniste. Politique qui irait alors dans le sens du choix des Anglais et des Américains. Une telle politique serait extrêmement préjudiciable pour le bon fonctionnement de l’économie mondiale sur le moyen terme. L’augmentation du cours de l’or est l’expression de ces craintes et d’un besoin de protection. Comme toujours l’or est le rempart, l’assurance incendie des autres investissements ; cela dure depuis 5 000 ans !
Aujourd’hui, d’autres questions se posent et alimentent les craintes des marchés : Emmanuel Macron pourra-t-il gouverner avec le soutien d’une majorité ? Combien de députés comptera le Front National au lendemain des législatives ? Comment la France pourrait-elle trouver sa place dans une Europe déjà bien fragile si son nouveau président ne pouvait pas appliquer ses réformes ? Et dans le reste de l’Europe, quid des résultats des prochaines échéances électorales, en Grande-Bretagne en juin ou en Allemagne en septembre ?
L’année 2017 va donc être source d’inquiétudes pour la stabilité mondiale. L’élection française n’est qu’une étape d’une sorte de course d’obstacles géante qui a déjà très mal commencé en 2016. Quoi qu’il en soit, l’or a de beaux jours devant lui car notre monde complexe a besoin de gagner en résilience pour passer sans ambages les étapes compliquées que nous traversons.
Jean-François Faure, PDG d’Aucoffre.com